- Auteur(e)
Roland Dubillard
- Mise en Scène
Anne Bourgeois
- Production
Francis Nani
Sébastien Azzopardi
Théâtre Hébertot
Première/Création le 24-01-2014
Lieu : Théâtre du Palais Royal
38, rue de Montpensier, Paris, 75001, France
Quelques notes de Anne Bourgeois
Je suis venue au théâtre par amour pour les textes de Roland Dubillard. Poète et acteur de génie tout récemment disparu, son œuvre a pourtant été trop discrètement distillée au public. Grâce à Jean-Michel Ribes et au Théâtre du Rond-Point, qui nous ont permis de redécouvrir l’univers et la langue extraordinaire de Roland Dubillard depuis 2004, grâce au travail de la fille de Dubillard et de sa femme qui continuent d’interpréter et de faire jouer son œuvre, et enfin depuis la si belle production de certains Diablogues que nous avions donnée avec François Morel et Jacques Gamblin, la nécessité de continuer à faire entendre la langue de Roland ne me quitte pas. Merci donc au Théâtre du Palais-Royal de nous donner la possibilité de poursuivre cette histoire d’amour.
La proposition que je fais aujourd’hui de remonter encore d’autres Diablogues (l’auteur a écrit une centaine de ces inventions à deux voix…) renoue avec l’idée première de ces sketches délirants, à savoir qu’ils furent d’abord lancés sur les ondes. C’est la raison pour laquelle cette version du Théâtre du Palais-Royal est une lecture-spectacle imaginée pour un lever de rideau à 19h, parce que je crois possible et exaltant que les interprètes se renvoient la balle tout en lisant, tout comme l’ont fait avant eux les créateurs des Diablogues qui jouaient ce qu’ils venaient à peine d’écrire.
Dans la tradition du cabaret littéraire, un grand duo d’acteurs, Michel Galabru et Martin Lamotte, va donc se confronter au ping-pong verbal génial et truculent de Dubillard, et il est permis de rêver que d’autres duos d’interprètes auront envie de nous rejoindre et de poursuivre l’hommage au poète.
En tout cas, premier duo de rêve que ces deux voix que Dubillard aimait beaucoup, l’une ample et généreuse, grondante, souvent traînante, l’autre vive, métallique, paniquée, coupante…Deux voix qui donnent l’impression qu’elles se disputent alors qu’elles trompent leur ennui en interrogeant leurs certitudes vacillantes ; et puis deux regards noyés d’incompréhension et de tendresse maladroite…
Pendant des années, Roland Dubillard et son partenaire, acteurs de génie, donnaient donc un rendez-vous quotidien à des milliers d’auditeurs qui n’auraient raté pour rien au monde les élucubrations langagières comiques, poétiques et drôlement philosophiques de ces deux fous du raisonnement. Depuis, les désormais mythiques Diablogues ont pris corps, séduisent, amusent, déroutent, interrogent et rassemblent artistes et spectateurs aux goûts littéraires les plus variés. Eminemment français, ces drôles de petits galops à deux voix sont parvenus à catalyser, grâce au génie de la mécanique des reparties, les angoisses de l’être humain aux prises avec lui-même. Le duo est à la fois tendre, innocent, adorable, furieux… et toujours tellement étonné de ne rien comprendre au monde qui l’entoure.
Acteur particulièrement traversé par le jeu, Roland Dubillard a marqué tous les acteurs avec qui il a joué. C’est d’ailleurs le cas pour Martin Lamotte et Michel Galabru, qui se souviennent de son regard infiniment perçant, de la beauté de sa voix, de la puissance de son émotion, de son incapacité à rester à la surface des choses, rendant son interprétation hallucinée et inoubliable. Dubillard écrivait donc forcément comme il interprétait, c’est-à-dire en ayant conscience qu’un acteur a un son, que sa partition est une musique, qu’il a la capacité d’emmener les spectateurs très loin.
Voilà pourquoi les Diablogues, que l’auteur considérait comme une respiration comique supposée « faire rire sans bêtise », sont autant un exercice littéraire qu’un duo de clowns presque classique : des personnages sensibles qui se disent « vous », dépourvus de méchanceté et dénués de stratégie…A l’intérieur de son œuvre exigeante, poétique, parfois surréaliste, et en tout cas emblématique du souffle théâtral des années cinquante à soixante-dix, ces sketches sont un divertissement. Une fête de l’échange qui permet de magnifier l’Acteur, sans perdre de vue l’arrière-plan philosophique, auquel il donne des allures d’entonnoir qui transforme la réalité en non-sens.
La proposition que je fais aujourd’hui de remonter encore d’autres Diablogues (l’auteur a écrit une centaine de ces inventions à deux voix…) renoue avec l’idée première de ces sketches délirants, à savoir qu’ils furent d’abord lancés sur les ondes. C’est la raison pour laquelle cette version du Théâtre du Palais-Royal est une lecture-spectacle imaginée pour un lever de rideau à 19h, parce que je crois possible et exaltant que les interprètes se renvoient la balle tout en lisant, tout comme l’ont fait avant eux les créateurs des Diablogues qui jouaient ce qu’ils venaient à peine d’écrire.
Dans la tradition du cabaret littéraire, un grand duo d’acteurs, Michel Galabru et Martin Lamotte, va donc se confronter au ping-pong verbal génial et truculent de Dubillard, et il est permis de rêver que d’autres duos d’interprètes auront envie de nous rejoindre et de poursuivre l’hommage au poète.
En tout cas, premier duo de rêve que ces deux voix que Dubillard aimait beaucoup, l’une ample et généreuse, grondante, souvent traînante, l’autre vive, métallique, paniquée, coupante…Deux voix qui donnent l’impression qu’elles se disputent alors qu’elles trompent leur ennui en interrogeant leurs certitudes vacillantes ; et puis deux regards noyés d’incompréhension et de tendresse maladroite…
Pendant des années, Roland Dubillard et son partenaire, acteurs de génie, donnaient donc un rendez-vous quotidien à des milliers d’auditeurs qui n’auraient raté pour rien au monde les élucubrations langagières comiques, poétiques et drôlement philosophiques de ces deux fous du raisonnement. Depuis, les désormais mythiques Diablogues ont pris corps, séduisent, amusent, déroutent, interrogent et rassemblent artistes et spectateurs aux goûts littéraires les plus variés. Eminemment français, ces drôles de petits galops à deux voix sont parvenus à catalyser, grâce au génie de la mécanique des reparties, les angoisses de l’être humain aux prises avec lui-même. Le duo est à la fois tendre, innocent, adorable, furieux… et toujours tellement étonné de ne rien comprendre au monde qui l’entoure.
Acteur particulièrement traversé par le jeu, Roland Dubillard a marqué tous les acteurs avec qui il a joué. C’est d’ailleurs le cas pour Martin Lamotte et Michel Galabru, qui se souviennent de son regard infiniment perçant, de la beauté de sa voix, de la puissance de son émotion, de son incapacité à rester à la surface des choses, rendant son interprétation hallucinée et inoubliable. Dubillard écrivait donc forcément comme il interprétait, c’est-à-dire en ayant conscience qu’un acteur a un son, que sa partition est une musique, qu’il a la capacité d’emmener les spectateurs très loin.
Voilà pourquoi les Diablogues, que l’auteur considérait comme une respiration comique supposée « faire rire sans bêtise », sont autant un exercice littéraire qu’un duo de clowns presque classique : des personnages sensibles qui se disent « vous », dépourvus de méchanceté et dénués de stratégie…A l’intérieur de son œuvre exigeante, poétique, parfois surréaliste, et en tout cas emblématique du souffle théâtral des années cinquante à soixante-dix, ces sketches sont un divertissement. Une fête de l’échange qui permet de magnifier l’Acteur, sans perdre de vue l’arrière-plan philosophique, auquel il donne des allures d’entonnoir qui transforme la réalité en non-sens.
En Résumé
Dialogues diaboliques, les célèbres Diablogues de Roland Dubillard furent d’abord des sketches radiophoniques qui ont enchanté les auditeurs des années cinquante. Chefs-d’œuvre d’humour, d’absurde, de poésie et de questionnement existentiel, ces sketches burlesques aux allures de ping-pong métaphysique reprennent le fonctionnement des duos de clown, où le Blanc et l’Auguste n’en finissent pas de s’interroger sur le monde.
Distribution
- Michel Galabru
- Martin Lamotte
Équipe
- Scénographie
- Edouard Laug
- Lumière
- Laurent Béal
- Musique
- Jacques Cassard
- Costumes
- Alexandra Konwinski
Galerie d'Images
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