Mademoiselle Chanel en Hiver

Affiche de "Mademoiselle Chanel en Hiver"
Affiche de "Mademoiselle Chanel en Hiver", une pièce mise en scène par Anne Bourgeois
  • Auteur(e)
    Thierry Lassalle
  • Mise en Scène
    Anne Bourgeois
  • Production
    Les Lucioles
Première/Création le 11-01-2023

Lieu : Théâtre de Passy
95 rue de Passy, Paris, 75016, France

Quelques notes de Anne Bourgeois
Dans ce huis-clos imaginé par Thierry Lassalle, la mise en scène consistera avant tout à fouiller au plus près les mots de l’auteur pour restituer le climat lourd et feutré d’un immédiat après-guerre, au parfum délicatement scandaleux.
Réfugiés dans un palace en Suisse, puisqu’indésirables à Paris, Gabrielle Chanel et l’écrivain-ambassadeur Paul Morand se retrouvent chaque jour pour des entretiens, prémisses à « l’Allure de Chanel », le best-seller signé Morand qui sortira trente ans plus tard.
Mêlant petite et grande histoire, se faisant l’écho d’un milieu social aux opinions souvent sulfureuses et de mise en 1946, leurs échanges âpres, parfois cocasses et toujours au scalpel, laissent très vite apparaître une Coco Chanel qui souffre de son inaptitude au bonheur. Chanel a toujours eu peur de ses émotions, Chanel n’a jamais su aimer, et pourtant la mise en scène nous entraînera vers une Chanel toujours plus secrète, brûlée par l’amour et par la peur d’être abandonnée.
Sans jamais prendre parti, nous allons plonger dans les psychologies de ces génies de la mode et de la littérature et sonder leurs contradictions : Coco a alors 63 ans et ses blessures personnelles affleurent plus que jamais. Envoutée par un officier nazi, éloignée de son atelier de couture parisien, impatiente, riche et trahie, elle offre au théâtre un formidable portrait de femme, aussi bouleversante qu’insupportable, drôle, excessive et profondément seule.
Paul Morand, lui, immense écrivain pris à la gorge par une situation financière qui le contraint d’écrire les mémoires de son amie plutôt que de se consacrer à l’œuvre de sa vie, se présente comme « l’enfant de son époque et de son milieu » : tragiquement ambitieux, raciste et antisémite assumé, il est ce surdoué aux prises avec ses frustrations, cherchant plus grand que lui, égaré dans le gouvernement de Vichy.
Rarement traitée au théâtre, la Chanel de 1946, dans sa parenthèse Suisse, doit permettre à la mise en scène de questionner la place de l’amour dans sa vie, tout en racontant une période trouble, riche de personnalités controversées, qui auraient pu être des personnages de théâtre s’ils n’étaient pas déjà nés…
En Résumé
Hiver 1946, Mademoiselle survivra-t-elle à l’exil ?

À la Libération, la liaison affichée de Gabrielle Chanel avec un officier allemand, menace de lui attirer de graves ennuis : son ami Winston Churchill la fait exfiltrer en Suisse où s’est déjà réfugiée la fine fleur de la collaboration. Pour vaincre son impatience, Mademoiselle commence à dicter ses mémoires à son ami Paul Morand, ancien ambassadeur de Vichy et futur académicien français, lui aussi exilé sur les bords du Léman. C’est alors que reparaît Hans-Gunther von Dincklage. Traqué, l’ancien espion du Reich aurait pu disparaître en Amérique du Sud, comme beaucoup de ses congénères – mais il est sincèrement épris de Coco, et prêt à courir tous les risques pour la retrouver.

À travers l’histoire de cet amour improbable, c’est le portrait d’une Chanel mal connue que trace « Mademoiselle Chanel, en hiver » : une femme de chair et de passion, amoureuse mais à l’humour destructeur, bannie mais à l’ambition intacte.
Grande prêtresse de la mode, Mademoiselle Chanel est également une magnifique héroïne romanesque.

Distribution

  1. Christophe Barbier
  2. (dans le rôle de Paul Morand)
  3. Caroline Silhol
  4. (dans le rôle de Coco Chanel)
  5. Emmanuel Lemire
  6. (dans le rôle de Hans-Gunther von Dincklage)
  7. Thomas Espinera
  8. Bokai Xie
  9. Lucie Romain

Création

  1. Lumière
  2. Jean-Marie Prouveze
  3. Décor
  4. Jean-Michel Adam
  5. Musique
  6. Nicolas Jorelle
  7. Costumes
  8. Jean-Daniel Vuillermoz

Galerie d'Images

Affiche de "Mademoiselle Chanel en Hiver"
"Mademoiselle Chanel en Hiver", pièce de théâtre avec Caroline Silhol, Christophe Barbier, Emmanuel Lemire et Thomas Espinera
Caroline Silhol et Christophe Barbier
Caroline Silhol et Christophe Barbier
Caroline Silhol et Emmanuel Lemire
Caroline Silhol et Emmanuel Lemire
Caroline Silhol et Thomas Espinera
Caroline Silhol et Thomas Espinera
Photo de scène avec Christophe Barbier,Caroline Silhol,Emmanuel Lemire,Thomas Espinera,Bokai Xie,Lucie Romain
De gauche à droite: Emmanuel Lemire, Bokai Xie, Caroline Silhol, Thomas Espinera, Christophe Barbier et Lucie Romain.
Caroline Silhol et Emmanuel Lemire
Caroline Silhol et Emmanuel Lemire
Décor
Une partie du décor
Décor
Partie du décor

Extraits du spectacle

Mademoiselle Chanel en Hiver

"Mademoiselle Chanel en Hiver", pièce de théâtre avec Caroline Silhol et Christophe Barbier, mise en scène par Anne Bourgeois

La Presse

(Mise à jour le Mardi 10 Décembre 2024)
Chanel, quelle allure!
Vous avez aimé son « Irrésisitible Offenbach ». Comme moi. Vous avez adoré ses partis pris de metteur en scène, son sens du décor, des costumes, des lumières, sa direction d'acteurs. Pareil. Je plussoie. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, vous allez la retrouver dans son autre création « Mademoiselle Chanel en hiver ».
Le Théâtre de Passy est bien avisé d'accorder sa confiance à Anne Bourgeois qui, avec brio, passe d'un univers à l'autre (Belle Epoque /Après-guerre ), d'un musical à un presque huis clos, de la farce au mélodrame.
« Mademoiselle Chanel en hiver », ce n'est pas « Martine à la neige » ni « Martine au ski »...je galèje. Non, c'est l'évocation d'une page d'histoire assez peu connue du Grand Public : la retraite forcée ou, plus simplement l'exil de la couturière mythique et de son « hagiographe » Paul Morand en Suisse. C'est une plongée dans l'après-guerre des collabos qui ont, pour beaucoup, trouvé refuge au pays des montres.
Avec pour corollaire l'ennui face au temps qui passe en hiver ...même dans une retraite dorée.
Gabrielle Chanel (divinement et justement incarnée dans la voix comme dans la gestuelle par Caroline Sihol) pourrait verser dans ce bovarysme. C'est sans compter sur son caractère trempé, frondeur. L'amazone assume tout : sa relation avec un Officier du Reich, ses amours saphiques, son addiction à la cigarette autant qu'au travail, son goût du beau, son intolérance face à tout ce qui rabaisse : la faiblesse, la lâcheté. Vous la trouverez garce, cruelle, mais son élégance pardonne tout, même son mépris de classe, son ironie mordante, sa répartie glaçante mais ô combien savoureuse. Face à elle, un autre monstre : Paul Morand, (belle incarnation de Christophe Barbier) qui se rêve « Immortel » mais ne sert pour l'heure que de pis-aller à la couturière mythique en écrivant ses Mémoires, enfin, en essayant car Mademoiselle Chanel a ses humeurs, ses caprices, c'est quand elle veut, où elle veut . Leurs joutes verbales sont savoureuses et donnent du rythme à la pièce. Chacun tient bon. Gabrielle Chanel, en féministe affichée, n'entend pas se faire dominer. Sur l'échiquier, la Reine avale pions et cavaliers, jusqu'à son amant, un ancien espion du Reich qui a pourtant tout fait pour la retrouver, dont elle est apparemment amoureuse jusqu'à ce qu'il commette l'irréparable : garder ses chaussures au lit. Sachant qu'il sort du tennis et qu'elle a horreur de l'ocre de la terre battue ...Le Diable se niche dans les détails.
Altière, le port hiératique, toujours impeccablement vêtue et maquillée dans ce décor de rêve Art-Déco, Chanel- Sihol incarne le glamour, l'inaccessible. On cherche la faille chez elle.
Elle qui dit couper droit, ne jamais biaiser avec les ciseaux. En vain. Et pourtant, l'espoir nait quand elle demande au serveur du Palace (convaincant Emmanuel Lemire) - Il est Juif - de se mettre à son service. Il y a un sentiment de solitude inavoué chez elle, son humour ravageur cache des failles, celles de la passion, de la chair, celles qui font mal.
Avec élégance, elle déambule, immuable. Froide comme l'hiver. Mais rayonnante comme l'été. Quelle allure !
Presse Tatouvu Magazine
Article de Patrick Adler
Article de Patrick Adler pour TATOUVU MAGAZINE
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