Sur la Route de Madison

Affiche
Affiche du spectacle "Sur la Route de Madison" mise en scène Anne Bourgeois
Alain Delon et Mireille Darc se retrouvent pour la première fois au théâtre, dans cette pièce adaptée du film réalisé par Clint Eastwood (Adaptation Didier Caron et Dominique Deschamps). Ils y incarnent un photographe et une mère de famille, pris dans un amour passionné et impossible. Un événement !
  • Auteur(e)
    Robert James Waller
  • Mise en Scène
    Anne Bourgeois
  • Production
    Marigny - Robert Hossein
Première/Création le 23-01-2007

Lieu : Théâtre Marigny
Carré Marigny, Paris, 75008, France

Quelques notes de Anne Bourgeois
Alain Delon, qui aime les coups de théâtre, me téléphone un jour, il est en numéro masqué, évidemment… Son truc à lui, c’est de ne pas s’annoncer, il aime nous cueillir. « Vous êtes assise ? » -Oh bonjour cher Alain! « Ne criez pas, vous me pétez les tympans. » -Oui, pardon. « Sur la route de Madison, ça vous dit quelque chose ? » -Silence- « On va le faire au théâtre. Avec Mireille. Elle sera sublime. L’œuvre est sublime. Mais vous me laisserez faire la fin comme je veux. Ce sera ma fin… »
Et nous voilà embarqués dans cette troisième collaboration hallucinante, sourds aux commentaires désobligeants qui ne manquaient pas de mettre dans la balance le grand duo Meryl Streep/Clint Eastwood face aux moins flamboyants Français Darc/Delon…
On a eu peur tout le temps, d’ailleurs. Pour Alain, je ne suis pas sûre, c’est un fauve qui aime le danger, comme on le sait. Mais Mireille et moi, nous étions transies.
J’ai souvent demandé à Alain pourquoi avoir choisi cette œuvre-là, et pas une autre, pour retrouver Mireille sur un plateau. Parmi tous ses arguments d’amour en faveur de cette histoire tellement triste, il y avait aussi cette chose qui le bouleversait : « Dans la vie, j’ai quitté Mireille, je lui ai fait beaucoup de peine. Dans la pièce, c’est elle qui refuse de me suivre. On inverse. » Je pense que peut-être, il réparait quelque chose, à travers le théâtre.
Je me souviens des répétitions où une incroyable émotion étreignait le duo. Tellement de respect et de douceur entre eux. Ils étaient fragiles, très fatigués, ce mélange des deux histoires, la vraie et la fausse, pesait sur eux, émotionnellement. Mireille ne dormait pas, il a fallu qu’on trouve des solutions naturelles, tous ensemble, avec Alain et Pascal son mari, pour qu’elle retrouve le sommeil. Elle disait que son cerveau avait besoin de la lumière du jour…Alain, épuisé aussi, me laissait le remplacer en répétitions : mais il regardait tout, depuis son divan. Je serrais Mireille dans mes bras, j’essayais de l’aimer comme aurait pu l’aimer le photographe Robert Kincaid, je disais les répliques sur le même ton qu’Alain, voix brisée, un peu rauque… Quand on sortait du jeu, on était tous morts de rire et Mireille se plaignait gentiment : « Alain, viens jouer avec moi, j’ai besoin que ce soit toi en face de moi ! ». Et Alain, qui sait exactement tout ce qui va se passer, répondait avec son œil bleu qui frise : « Quand y’aura du public, Mimi, là je serai en face de toi, tu verras ! » Et puis, à force que j’insiste, il se levait et venait répéter, une fois, parfaitement, la scène qu’il avait totalement déjà en lui, et c’était tellement vrai que personne n’avait plus rien à dire.
Un journaliste m’a dit un jour que j’étais la seule femme à avoir dirigé Alain Delon. Je ne sais pas si c’est le cas. Mais pour répondre à certains, je peux témoigner qu’Alain écoute, reçoit, entend, attrape, discute, et qu’il est une force de proposition à la fois dans le jeu et sur le texte. Moi, il m’a fait confiance, et cela, je ne l’oublierai jamais.
Interview de Alain Delon par Armelle Héliot
(Le Figaro)
Dans sa loge, à quatre jours des premières représentations de « Sur la route de Madison », qu’il interprète avec Mireille Darc et Benoist Brione, sous la direction d’Anne Bourgeois, l’acteur analyse son rôle, se souvient, parle du temps à venir, livre ses angoisses comme ses espérances.

Qu’est-ce qui vous a décidé à revenir au théâtre?
On me propose souvent des pièces. Certaines m’intéressent, d’autres pas. Mais lorsque l’un des coproducteurs des Montagnes russes d’Éric Assous (la pièce que j’ai jouée ici même, au Théâtre Marigny, avec Astrid Veillon), m’a soumis l’adaptation, par Didier Caron et Dominique Deschamps, du roman de Robert James Waller, « Sur la route de Madison », j’ai su immédiatement que ce pouvait être un projet pour moi… J’ai tout de suite pensé à Mireille Darc. Je l’ai appelée. Je lui ai demandé si elle accepterait de jouer au théâtre avec moi… Mais je ne lui ai pas dit de quelle pièce il s’agissait… j’avais besoin de son adhésion totale. Et j’ai laissé passer trois mois !

Quel souvenir aviez-vous du film de Clint Eastwood?
Un grand souvenir, bien sûr. Un grand film, réalisé d’une manière très forte. L’histoire, celle du roman de Robert James Waller, The Bridges of Madison County, un livre qui a été un best-seller partout à travers le monde, est d’autant plus belle qu’elle est à la fois très intense et très déchirante. Mais je n’ai pas voulu revoir le film. D’ailleurs, l’adaptation est tirée du roman lui-même, elle diffère donc sur de nombreux points du scénario.

Vous reconnaissez-vous dans le personnage de Robert Kincaid, le photographe qui parcourt le monde pour National Geographic?
Je me reconnais complètement en lui. Robert Kincaid, c’est moi. Sur la route, fuyant peut-être, mais sans jamais oublier. Viril, mais ne craignant pas le sentiment et avouant ses sentiments. Tout ce qu’il dit, je m’y reconnais. Je crois aux rencontres avec les»personnages*. Je crois que l’on cherche toujours, à travers un personnage, à dire quelque chose de soi. Ce Robert Kincaid est d’une génération au-dessus de la mienne, il a 50 ans lors de cet été 1965 de sa rencontre avec Francesca, paumée dans sa ferme, non loin du pont couvert… mais tout ce qu’il ressent est proche parce qu’il s’agit des angoisses que nous partageons tous, sur le temps qui passe, sur ce qui ne reviendra jamais… Moi, dans ma solitude, dans ma difficulté à être, à vivre, je retrouve en lui, dans sa fidélité même à Francesca par-delà le temps, des sentiments que j’éprouve, des choix que je pourrais faire. Lorsqu’il dit : « Je me contente de faire des photos et de me sortir de cette vie avant de devenir complètement obsolète et sans commettre trop de dégâts », il me renvoie à des questions qui sont les miennes… Que faire ?

Cette histoire fusionnelle, vous ne pouviez l’incarner sur scène qu’avec quelqu’un qui a été très important dans votre vie?
Pour moi, c’était mieux. C’est une intuition que j’ai eue dès que j’ai lu l’adaptation. Avec Mireille Darc, quelque chose se joue, au-delà du théâtre. On se fait confiance, absolument. Elle a du cran. Il y a longtemps qu’elle n’avait pas fait de théâtre, plus de vingt ans ont passé depuis Chapitre II, de Neil Simon, qu’elle avait joué avec Jean Piat sous la direction de Pierre Mondy. Elle m’a dit oui sans savoir quelle pièce nous allions interpréter, quel rôle elle aurait. J’aime ce goût qu’elle a des défis, son engagement sans peur… et puis se retrouver ainsi, dans une histoire très romanesque, c’est une sorte de privilège que seul notre métier peut apporter. Nous sommes plus que proches, nous ne faisons qu’un, la rencontre de Francesca et de Robert, nous la vivons, littéralement.

C’est Anne Bourgeois qui signe la mise en scène. N’est-elle pas une des rares femmes dont vous acceptiez l’autorité?
De toute ma vie, effectivement, c’est la première femme avec qui j’ai une collaboration régulière de travail. Je la connais depuis la reprise de « Variations énigmatiques », d’Éric-Emmanuel Schmitt, lorsque Stéphane Freiss avait succédé à Francis Huster. C’est elle aussi qui m’a dirigé dans « Les Montagnes ­Russes ». Elle est d’une sensibilité très profonde, d’une grande sagesse. Elle est humble, au service des acteurs et d’une mise en scène sobre et forte. Je l’aime beaucoup et l’ambiance des répétitions est très heureuse. C’est elle, le patron !

Vous passez du temps, ici, au Théâtre Marigny?
J’y suis tout le temps ! Un peu comme au cinéma, on est là beaucoup plus qu’il n’est apparemment nécessaire… J’ai beaucoup aimé ces atmosphères, mais aujourd’hui, il n’y a plus de studios, nulle part. Eh bien ! mon plateau, c’est ici. Au Théâtre Marigny. C’est mon écurie. Je dors debout dans mon écurie… Et j’y ai installé les photographies de tous ceux que j’aime. Edwige Feuillère, ma marraine dans le métier, celle avec qui j’ai tourné mon premier film, Quand la femme s’en mêle, d’Yves Allégret, celle qui a toujours été d’une attention merveilleuse, m’écrivait, et j’ai mis une lettre d’elle aussi… Il y a mes enfants, à qui je pense beaucoup. Je voudrais les protéger longtemps, le plus longtemps possible. Parfois, je suis pris de vertige : jusqu’à quand serai-je avec eux ? Le compteur tourne, c’est la seule chose dont nous soyons sûrs…

Dans votre loge, il y a la robe portée par Romy Schneider dans Dommage qu’elle soit une putain, et à côté, une loge qui lui est complètement consacrée. Pourquoi ce besoin de rendre visible ce qui demeure invisible?
Au théâtre, j’ai le sentiment que rien de mal ne peut m’arriver. Sans doute justement parce que tout le monde est là… les vivants et les autres. Lorsque nous avons débuté, Romy et moi, au Théâtre de Paris, sous la direction de Luchino Visconti, nous étions jeunes et tout à fait inexpérimentés. Nous avons été entourés de comédiens exceptionnels, Daniel Sorano, Valentine Tessier, Silvia Monfort, Daniel Emilfork, Lucien Baroux. Ils nous portaient. Ils continuent de le faire. Comme Marie Bell, avec qui, un peu plus tard j’ai joué Les Yeux crevés de Jean Cau, sous la direction de Raymond Rouleau.

On ne vous croise guère dans les soirées parisiennes. Vous avez fait récemment une exception pour Robert Hirsch. C’est votre famille?
Oui. La famille. Je ne suis qu’un acteur, quelqu’un qui est venu par hasard dans ce monde. Contrairement à un Robert Hirsch, un Francis Huster, qui sont, eux, des comédiens. Une vocation les a guidés, ils ont appris. Moi je suis du côté des acteurs, du côté de Jean Gabin, de Lino Ventura… et quand on met face à face un comédien et un acteur, cela donne Borsalino, Belmondo et moi, et c’est pas mal, non ?

Distribution

  1. Alain Delon
  2. Mireille Darc
  3. Benoist Brione

Équipe

  1. Décors
  2. Nicolas Sire
  3. Lumière
  4. Laurent Castaingt
  5. Costumes
  6. Marielle Robaut
  7. Musiques et Sons
  8. Jacques Cassard

Galerie d'Images

Affiche
Affiche du spectacle "Sur la Route de Madison" mise en scène Anne Bourgeois
"Sur la Route de Madison"
Mireille Darc et Alain Delon
"Sur la Route de Madison"
"Sur la Route de Madison"
Fin de représentation
"Sur la Route de Madison"
"Sur la Route de Madison"
"Sur la Route de Madison"
Saluts en fin de spectacle

Vidéo prise de la salle au final

Sur la Route de Madison

Saluts en fin de spectacle "Sur la Route de Madison" mise en scène Anne Bourgeois
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